Et elle tint parole pendant presque deux jours, au bout desquels Cédric avait complètement oublié l'incident, mais non pas elle qui lui en voulait encore un peu.
"Bon, alors on joue ?"
Et leurs jeux et leurs rires reprirent comme avant...
Comme avant ? Non, pas tout-à-fait : un doute s'était glissé dans l'esprit de Nouléina, doute que le silence de Cédric n'avait pas dissipé, bien au contraire.
"Et si lui, Cédric, n'avait rien dit, c'est sûrement parce qu'il était bien plus important de se taire que de parler, oh oui, c'est sûr !" se répétait Nouléina.
"Plus je deviens grande, moins je reste belle, donc il faut que je reste petite, alors soit je ne mange plus, soit je ne mange que du lait et des bonbons.
- Alors, tu parles toute seule, petit laideron ? dit par surprise sa belle-mère.
- Laideron ? Vous... vous croyez ?
- Vraiment, ma pauvre fille, tu fais négligé... Mais, regarde-toi, un peu, avec tous tes boutons !".
- Des boutons ? Des boutons ? Oh non, pas des boutons!"
Elle courut à l'écurie retrouver Cédric qui pansait un cheval.
"Cédric, tu... tu... ?"
- Oui ? Je, je ?
- Non, rien... A demain !".
Même à Cédric, elle ne pouvait plus se confier. Et si c'était vrai qu'elle avait des boutons et qu'elle ne l'avait jamais remarqué parce que le miroir était piqué ! Comme Cédric ne lui avait jamais parlé, pourquoi aujourd'hui lui en parlerait-il ? Oh, et puis elle n'allait pas se présenter à quelqu'un avec des boutons sur la figure.
Elle alla pour la douzième fois devant son miroir pour tenter de s'observer méticuleusement et avec plus d'attention que d'habitude. Horreur ! malgré sa myopie, elle crut distinguer un infime, ridicule et dérisoire petit bourgeonnement au beau milieu du nez ! C'était la catastrophe ! Elle était défigurée, et à jamais ! Sa belle-mère avait raison, et tous les autres étaient des menteurs ! O jour funeste, à l'aube de ses quinze ans !
Mais que faire pour camoufler cette disgrâce ?
Prenant son courage à deux mains, elle alla de nouveau trouver Cédric.
" Dis... Est-ce que... Est-ce que tu me trouves laide avec mes boutons ?"
- Boutons ? Quels boutons ? Tu n'as pas de boutons, Nouléina... Et puis, moi, je t'aime comme tu es, et je t'aimerai toujours.
- Goujat ! imbécile !"
(à suivre)
Dernière édition par Pascal le Mar 24 Jan - 12:43, édité 2 fois