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LE POUDRIER ET LE ROUGE A LEVRE

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1LE POUDRIER ET LE ROUGE A LEVRE Empty LE POUDRIER ET LE ROUGE A LEVRE Ven 20 Jan - 10:35

Pascal


Admin

Histoire de fards, par Pascal POLIET

Pascal


Admin

Il était une fois une reine et un roi qui administraient tranquillement un royaume sans heurt ni violence. Leur bonheur fut bientôt renforcé par la naissance d'une petite fille, qu'ils baptisèrent Nouléine, ou Noulinéa selon les dialectes...

Nouléina était une très belle enfant, et plus les années passaient, plus elle embellissait. Mais, lorsqu'elle eut atteint l'âge de sept années, sa mère la reine fut subitement emportée vers le royaume des ténèbres par un vent glacial et pénétrant.

Le roi pleura beaucoup, mais, comme la cité ne pouvait se passer d'une reine,  choisit de se remarier, et raisonna de la sorte :
"Il faut que ma nouvelle épouse soit jeune et robuste afin qu'elle me donne de nouveaux enfants et qu'elle résiste bien au froid".
Et il se remaria.

La nouvelle mère de Nouléina n'était pas parmi les plus douces femmes du monde, loin de là, et profitant de la naïveté de sa belle-fille, elle lui fit croire qu'elle n'était finalement pas si belle qu'on lui avait dit jusqu'à présent, qu'elle était même un peu fade. Ceci afin de pouvoir être la plus belle femme du royaume.

Nouléina, qui en était à l'âge de raison, voulu en discuter avec son compagnon de jeu, Cédric, fils du cuisinier des domestiques, qu'elle retrouvait l'après-midi en cachette.
"Parce que tu comprends, d'abord elle a dit que j'étais moins belle, et après elle a dit que je n'étais même pas belle alors !
- Oui, ben elle raconte n'importe quoi, répondit Cédric.
- Et toi, comment tu me trouves ?
- Oh, on s'en fiche ! A toi de jouer !
- Ah non, moi je ne m'en fiche pas, je voudrais bien savoir et puis je ne jouerai pas tant que tu ne me l'auras pas dit, alors tu n'as qu'à choisir et tu verras bien, : ou bien tu me le dis, ou bien je ne joue plus.
- Oui ben moi je vais jouer quand même."
- Oh ! tu es incroyable, Cédric ! Puisque c’est comme ça, j ene te parlerai plus jamais du tout !


(à suivre)



Dernière édition par Pascal le Mar 24 Jan - 12:43, édité 1 fois

Pascal


Admin


Et elle tint parole pendant presque deux jours, au bout desquels Cédric avait complètement oublié l'incident, mais non pas elle qui lui en voulait encore un peu.
"Bon, alors on joue ?"
Et leurs jeux et leurs rires reprirent comme avant...
Comme avant ? Non, pas tout-à-fait : un doute s'était glissé dans l'esprit de Nouléina, doute que le silence de Cédric n'avait pas dissipé, bien au contraire.
"Et si lui, Cédric, n'avait rien dit, c'est sûrement parce qu'il était bien plus important de se taire que de parler, oh oui, c'est sûr !" se répétait Nouléina.
"Plus je deviens grande, moins je reste belle, donc il faut que je reste petite, alors soit je ne mange plus, soit je ne mange que du lait et des bonbons.
- Alors, tu parles toute seule, petit laideron ? dit par surprise sa belle-mère.
- Laideron ? Vous... vous croyez ?
- Vraiment, ma pauvre fille, tu fais négligé... Mais, regarde-toi, un peu, avec tous tes boutons !".
- Des boutons ? Des boutons ? Oh non, pas des boutons!"
Elle courut à l'écurie retrouver Cédric qui pansait un cheval.
"Cédric, tu... tu... ?"
- Oui ? Je, je ?
- Non, rien... A demain !".

Même à Cédric, elle ne pouvait plus se confier. Et si c'était vrai qu'elle avait des boutons et qu'elle ne l'avait jamais remarqué parce que le miroir était piqué ! Comme Cédric ne lui avait jamais parlé, pourquoi aujourd'hui lui en parlerait-il ? Oh, et puis elle n'allait pas se présenter à quelqu'un avec des boutons sur la figure.

Elle alla pour la douzième fois devant son miroir pour tenter de s'observer méticuleusement et avec plus d'attention que d'habitude. Horreur ! malgré sa myopie, elle crut distinguer un infime, ridicule et dérisoire petit bourgeonnement au beau milieu du nez ! C'était la catastrophe ! Elle était défigurée, et à jamais ! Sa belle-mère avait raison, et tous les autres étaient des menteurs ! O jour funeste, à l'aube de ses quinze ans !
Mais que faire pour camoufler cette disgrâce ?
Prenant son courage à deux mains, elle alla de nouveau trouver Cédric.
" Dis... Est-ce que... Est-ce que tu me trouves laide avec mes boutons ?"
- Boutons ? Quels boutons ? Tu n'as pas de boutons, Nouléina... Et puis, moi, je t'aime comme tu es, et je t'aimerai toujours.
- Goujat ! imbécile !"


(à suivre)



Dernière édition par Pascal le Mar 24 Jan - 12:43, édité 2 fois

Pascal


Admin

Nouléina était retournée vers son cher miroir et, tout en contemplant son infortune, se remémorait les paroles de Cédric : "Tu n'as pas de boutons".
Peut-être qu'elle n'avait effectivement pas de bouton !... Que c'était simplement un grain de poussière, une tâche de raison, une graine de fruit.
Elle tenta d'ôter cette gêne à l'aide de l'ongle de son index, mais... non, cela ne partait pas.
Elle gratta un peu plus, et le bouton vira au rouge vif, encore plus présent, encore plus visible !
Elle courut dans la salle d'eau pour se frictionner le bout du nez avec du savon... rien à faire, cela ne partait toujours pas, au contraire... Peut-être qu'avec de la crème de grenouille confite... Vite, à la cuisine !... Eh non... Alors, de la sauge, il paraît que c'est bon pour la circulation.... Ah ! ça a l’air de march... Eh non... !
De l'ail ! Bien sûr ! de l'ail ! quel merveilleux antiseptique ! et de l'oignon aussi... Et du poivre, et du piment, et du venin d'abeille concentré, et et et... et une pierre ponce pour bien frotter...

On retrouva le soir même Nouléina évanouie, assise la tête en bas, la figure rougie par le soleil, griffée par les ronces, et le nez... Le nez dans un état de bouillie incroyable... que les médecins s'employèrent immédiatement à soigner, à qui mieux mieux, à coup de saignée, d'application d'acide acétique et de graines de moutarde aux orties mouchetées.

Alors, c'est tout le visage qui se gangrena, petit à petit, transformant au fil des jours la belle jeune fille en une gigantesque fraise des bois.
La marâtre n'en croyait pas ses yeux et jubilait ; quant au roi, il était effondré ; et le peuple, pour la première fois, s'inquiétait de ces choses étranges qui se passaient au palais.
"Mon cher, dit la reine, il faut la marier, cela fera taire tous ces curieux qui grondent.
- Des curieux qui grondent ? Voyons, ma Reine, vous exagérez.
- Point du tout : les gens sont de petites gens que la vue du sang excite. C'est pourquoi il nous faut éloigner d'ici votre jeune fille ensanglantée.
- Vous exagérer, vous répétè-je, mais votre idée de la marier n'est pas mauvaise. Après tout, elle a bientôt quinze ans. Et connaissez-vous un prétendant qui l'accepterait dans son état, pauvre enfant ?...
- Bien sûr, c'est évident !
- Ah, veuillez me dire qui, je vous prie.
- Mon cousin, le duc de Castelcinic.
- Ce vieux barbon ?!
- Un mariage entre nos deux familles agrandirait le royaume.
- C'est juste... Mais tout de même. Et Nouléina, qu'en pense-t-elle ?
- Allons lui demander, Seigneur."


(à suivre)

Pascal


Admin

Perdu dans ses réflexions, le Roi ne remarqua pas la pointe d'ironie et la lueur sadique qui émanaient de la Reine, et ils s'en allèrent trouver Nouléina, qui ne put répondre que :
"Je ferai comme vous le désirerez, Sire mon père".

Et, on invita le Duc voisin afin de lui présenter Nouléina, que l'on avait maquillée du mieux possible afin qu'elle redevint agréable à l'oeil.
C'est ainsi que sa figure cramoisie avait été recouverte de 7 couches de poudre d’Arlequiquin qui atténuaient ses rougeurs, et que, pour accentuer le contraste, on lui avait enduit les lèvres de rouge carmin.
De ce fait, Nouléina retrouvait un visage de poupée qui ne jurait pas ses quinze ans.
Le Duc fut enchanté de la perspective de ce mariage, et tout le bon peuple se réjouit de voir Nouléina en pleine forme et en beauté, après toutes ces rumeurs qui avaient couru.

La veille de son départ, Nouléina voulut revoir Cédric, mais celui-ci, malade à l'idée de voir Nouléina épouser un inconnu et n'y pouvant rien, était introuvable.
Et puis, elle avait tellement pris l'habitude de se mettre de la poudre et du rouge à lèvres qu'il ne l'aurait pas reconnu.
Enfin, le jour de son départ arriva, elle embrassa son père et sa marâtre et partit en carrosse vers la demeure de son futur époux et seigneur.
Le mariage fut célébré à la va-vite, car le Duc n'était pas du genre à faire des sentiments. Et puis, cela coûtait trop cher. "Et, vous êtes si jeune et si fraîche (il salivait en disant cela), mon enfant, vous aurez bien d'autres occasions de vous réjouir". (Maintenant, il bavait goulûment).
Et, c'est avec cet homme-là qu'elle allait passer le restant de ses jours ? Cette idée l'effraya tant qu'elle s'évanouit.
"Qu'elle est émotive, dit le Duc en bavant dans une nappe brodée. Donnez-lui des sels à respirer.
- Elle reste évanouie, Maître.
- Jetez-lui un seau d'eau à la figure, bon sang d'imbéciles de crétins !".
L'eau eut un double effet : elle réveilla Nouléina, mais elle fit disparaître son maquillage.
Quand la jeune fille s'en aperçut, elle chercha vite dans ses affaires son poudrier et son rouge à lèvres, pour se refaire une beauté.
Le Duc et sa cour assistaient médusés à la métamorphose de la jeune fille.
Enfin, le Duc n'en put plus et se jeta sur elle en criant :
"Amour ! C'est vous enfin ! je vous rencontre ! Vous êtes là ! Je vous ai-ai-ai-me !".
Puis, il s'empara du poudrier et du rouge à lèvres et les embrassa à tour de rôle en ne cessant de répéter : "Oh mes beautés ! Oh mes beautés !"


(à suivre)

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